Étoiles scintillantes

« Je crois que je devrais faire autre chose, » dit-elle au chat allongé devant la fenêtre, « je suis là depuis trop longtemps. » Même si elle croit avoir à peu près dix-huit ans son reflet dans la vitre a beaucoup de rides.
« Plutôt quatre-vingt ans, » dit le chat, qui répond plus souvent aux pensées qu’aux paroles. Le reflet a l’air triste. « Tu es venu offrir un cadeau au monde, tu croyais que ça serait aussi simple que de l’emballer dans un joli papier, à la place tu est coincée ici avec des équations que tu ne sais pas résoudre car tu as séché les cours de math. » Le chat aime expliquer les choses comme s’il savait tout.
Derrière lui le ciel est rose. Le ciel est beaucoup plus doux que le chat, quand il lui parle il n’utilise pas de mots, uniquement des couleurs. Là, il lui envoie un rose si intense qu’il fait disparaître son reflet. C’est sa manière de lui dire que tout va bien. Elle demande au ciel pourquoi elle est seule ici, pourquoi il n’y a aucun autre humains aux alentours, pourquoi elle reste coincée dans cette petite maison.
C’est une bonne maison, propre et moderne avec de grandes vitres et une cuisine tout équipée, colorée en rose par le ciel. « C’est juste moi qui suis vieille et mal équipée, » ajoute-t-elle. Le ciel ne répond rien. Elle ouvre la porte au chat puis s’assoit là et le regarde partir vers les montagnes. Elle aimerait bien que quelqu’un lui ouvre la porte, à elle aussi.
« Tu peux ouvrir la porte toute seule, contrairement à moi. Je ne vois pas où est le problème, » lui dit-il à son retour. Le ciel est devenu immense, noir, parsemé de milliers d’étoiles scintillantes qui lui parlent de secrets et de fêtes et d’amis lointains. Elle attrape le chat, le roule sur le dos et souffle sur son bidou poilu. Il s’échappe vers une étagère où il passe le quart d’heure suivant à se lécher agressivement.

Un cri

Un cri se pose sous l’avancée du toit
tu ouvres la fenêtre et saute
dans un élan de vie

Tu fracasses. La température tombe
dans ta main ouverte
à l’autre

Les mots se cachent tout autour, impossible à cerner
pour l’instant tu avances
vers le centre

Tu envoies une lettre d’amour à cent personne
en réponse à l’audace de tenir fermée
la porte à l’éclair de vie

Après dix retours à la case départ
il te reste juste
l’inconnu